Petit hommage personnel à une femme 'ordinaire'

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Dominic, Léa-Marie, Romane et Michaël, je vous écris aujourd’hui pour que vous sachiez que vous êtes issus d’une lignée de femmes fortes et engagées.

Vous connaissez tous les quatre les grandes lignes de mon parcours, mais je doute que vous mesuriez l’importance qu’ont eue les femmes qui m’ont construite. Or, ces femmes ont inévitablement laissé des traces sur vous et forgé la matière dont vous êtes.

Des femmes inspirantes

Béatrice, la mère de ma mère, avait 12 ans lorsqu’elle a commencé à travailler. Elle savait lire, écrire et compter. Elle était débrouillarde et avait un caractère bien trempé. Ma grand-mère n’avait pas 20 ans et elle commerçait déjà. On parle du temps où les femmes n’avaient pas le droit de vote. Ma grand-mère était la gestionnaire derrière mon grand-père, le commerçant. Elle disait à ses filles : tirez-vous d’un rang. Elles l’ont toutes fait.

Denise, ma mère au foyer, était impliquée dans sa communauté. Marguillère, représentante au conseil d’école, présidente du Cercle des fermières, travailleuse aux élections, ma mère a fait une différence autour d’elle. J’ai vu le Québec évoluer dans mon assiette, dans les discussions à table, dans la foi en moi qu’elle avait. « Tu seras autonome, toi », est la phrase que j’ai entendue le plus souvent.

Lucie, la mère de votre père, m’a inspirée. Elle a élevé seule 6 enfants qui ont tous des études universitaires. Cette femme d’une intelligence remarquable et d’une intégrité à toute épreuve a, malgré des conditions de vie difficiles, transmis à ses enfants le goût d’apprendre et une grande résilience. Malgré mes études universitaires, je n’ai pas encore lu la moitié des œuvres qui l’intéressaient.

Nous sortons d’une année longue et dure. Une année au cours de laquelle je vous ai vus poursuivre votre chemin la tête haute remplie de rêve, malgré tout. Une année qui nous révèle que nous sommes vulnérables, que les inégalités sociales sont plus présentes que jamais, que la richesse collective diminue, que notre monde se crispe. Ces caractéristiques de notre monde expliquent, pour moi, l’augmentation des féminicides, la montée de la violence par armes à feu, l’envie de se protéger soi-même.

Je ne suis pas seule

Les femmes importantes de qui vous êtes issus ont traversé des époques difficiles et elles ont su avancer, toujours. D’ailleurs, je vois à travers vous, s’exprimer leurs talents : votre conscience du monde qui nous entoure, votre maturité devant les défis de la vie, votre débrouillardise pour faire votre chemin.

Votre génération me touche. Vous êtes capables de remise en question. Vous êtes ouverts à la différence. Vous m’ouvrez les yeux. Vous réclamez, vous dénoncez. Vous n’avez pas toujours raison, vous n’êtes pas des anges, mais grâce à vous, je ne me sens plus seule quand je milite et que je m’engage. Vous avez rejoint les femmes de ma génération en 2014 avec #beenrapedneverreported, vous avez été présents en 2019 avec #metoo. Vous marchez pour le climat. Grâce à vous, je me sens moins seule quand je milite et que je m’engage. Grâce à vous, je crois qu’il est possible que nous avancions encore.

Il faut que vos enfants, comme votre père, puissent réaliser leurs rêves, même s’ils ne naissent pas privilégiés.

Il faut que vos enfants puissent comme moi, comme vous j’espère, croire que toutes les portes sont ouvertes devant eux.

Il faut que vos enfants puissent grandir en sécurité à Montréal, partout au Québec ou au Canada.

32 ans après le pire jour de ma vie, vous êtes à mes côtés. Je ne suis pas seule, vous avancez avec moi et me devancez souvent.

Je vais continuer à faire du mieux que je peux, pour vous, avec vous. Utilisez votre voix, faites-vous entendre. Vous êtes nécessaires.

Lettre adressée en 2021 à ses enfants par Nathalie Provost, M. Ing, M.B.
Survivante du féminicide de Polytechnique le 6 décembre 1989, porte-parole de PolySeSouvient et marraine de l’Ordre de la Rose blanche de Polytechnique

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À 17 h 10 vendredi, heure exacte des premiers coups de feu, 15 faisceaux de lumière ont illuminé le ciel au-dessus du mont Royal.



Un 15e faisceau a été ajouté cette année en mémoire de toutes les victimes de féminicide.

Le ciel du parc du Mont-Royal, à Montréal, s’est illuminé vendredi soir de 15 faisceaux de lumière, en souvenir des 14 femmes qui ont perdu la vie dans la tuerie de Polytechnique, le 6 décembre 1989. Pour la première fois, un 15e faisceau de lumière, de couleur rose, s’est allumé en leur centre.

« Ce 15e faisceau est pour toutes ces femmes victimes de féminicide chaque année, et depuis tant d’années », a déclaré Catherine Bergeron, présidente du comité chargé des commémorations, en début de cérémonie. Sa sœur, Geneviève, est l’une des victimes de la tragédie qui a ébranlé tout le pays en 1989.

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Trente-cinq ans après la tragédie de l’École Polytechnique de Montréal, où 14 femmes ont été tuées le 6 décembre 1989, Nathalie Provost, survivante de cette sombre journée, continue de se battre pour le contrôle des armes à feu et la mémoire des victimes.

Le 6 décembre reste une date gravée dans la mémoire collective du Québec et du Canada, marquant l’anniversaire du féminicide le plus meurtrier de l’histoire canadienne.

Ce jour-là, un homme armé, animé par une haine envers les femmes, (a ordonné aux hommes de sortir et aux femmes de s'entasser à gauche de la classe, NDLR) a ouvert le feu dans une salle de classe de l’École Polytechnique, tuant 14 jeunes femmes et en blessant plusieurs autres avant de se donner la mort.

Nathalie Provost, alors étudiante en génie, fut touchée par quatre balles lors de cette attaque.

Malgré ses blessures physiques et les cicatrices émotionnelles indélébiles, Nathalie s’est relevée pour devenir une militante influente dans la lutte contre la violence armée et pour la commémoration des victimes.

Aujourd’hui porte-parole de PolySeSouvient, un groupe qui milite pour un contrôle plus strict des armes à feu et pour la préservation de la mémoire de ce tragique événement, Nathalie continue de partager son histoire et de pousser pour des changements législatifs.

« Nous devons nous souvenir de ces femmes, pas seulement comme des victimes, mais comme des symboles de ce que nous luttons pour changer dans notre société », déclare-t-elle lors d’une entrevue ce matin.

Elle met en lumière les progrès accomplis en matière de législation sur les armes à feu depuis 1989, mais souligne également combien il reste encore à faire pour assurer la sécurité de tous et le respect de l’égalité entre les hommes et les femmes.

Nathalie Provost reste une figure d’espoir et de courage, rappelant constamment à la société l’importance de se souvenir et d’agir.

Son message aujourd’hui est clair : il est crucial de continuer à éduquer les nouvelles générations sur les dangers de la misogynie et sur l’importance du contrôle des armes pour prévenir de futures tragédies.

Survivante de la tragédie de Polytechnique, elle prend la parole aujourd'hui.

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Je tiens à préciser que j'écris ce post, non pas dans le but de choquer ou d'attirer la sympathie, mais pour une rare fois, donner la parole à une personne qui a vécu un drame horrible et ciblé et qui, au lieu de s'effondrer ou de baisser les bras, comme elle aurait très bien pu le faire, a canalisé son énergie pour démontrer qu'on peut se sortir du pire et en faire quelque chose d'utile de positif. Grâce à Nathalie Provost, les choses ont bougé au niveau législatif, même si c'est toujours très fragile et s'il reste beaucoup de travail à accomplir.

Chaque fois que des actes de ce genre se produisent (trop souvent hélas) on a tendance à toujours mettre en lumière la personnalité et les motivations de celui ou celle qui commet l'acte. Pas cette fois

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En dernier lieu, je désire également à clarifier, juste au cas où et ayant eu assez souvent affaire à l'imagination fertile de l'écosystème virtuel, que je ne suis pas Nathalie Provost. Elle a été depuis 35 ans une source d'inspiration, une sorte de figure de proue, de phare dans la nuit, qui m'a souvent permis de redresser la tête plus rapidement lorsque j'avais des ennuis, des chagrins ou des soucis. C'est un peu ma Simone Veil à moi et en grande partie au Québec.

Voilà mon vrai 'dernier' mot sur ce post. Joyeuses fêtes !

[ChicagoBears]

T'as pas à te justifier
J'ai fait un post sur Morandini et je ne suis pas une victime de ce prédateur